- renvier
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⇒RENVIER, verbe intrans.JEUX DE CARTES, vx. Miser une certaine somme par dessus l'enjeu. Synon. actuels monter, relancer. Il a renvié de tant sur moi (Ac. 1798-1878).— Au fig. Renchérir. L'extravagance du duc, pendant ce temps, allait tous les jours, se raffinant, et comme renviant sur soi-même. (...) Bref, tant et tant fut procédé, que Charles d'Este, un jour, en se levant, n'eut pas de chemise à changer (BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 269).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. 1694-1878. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1165 « inviter, inciter, engager » (Troie, éd. L. Constans, 20847: sa proëce le renvie); b) ca 1210 « inviter (au jeu) » (RAOUL DE HOUDENC, Méraugis, éd. M. Friedwagner, 4586: je te renvi Au gieu); 2. ca 1210 intrans. « augmenter, s'accroître » (HERBERT LE DUC DE DANMARTIN, Folque de Candie, éd. O. Schultz-Gora, 1286: sa guerre ranvie); 3. a) 1578 terme de jeu « miser au dessus de l'enjeu » (D'AUBIGNÉ, Tragiques, III, 413 ds Œuvres, éd. H. Weber, p. 100: le conseiller [...] Se fourre en un berlan: d'un procez il renvie [ici, au fig.]); 1611 (COTGR.); b) 1588 fig. le renvier sur qqn « renchérir sur, l'emporter sur » (E. PASQUIER, Lettres hist., XII, 9, éd. D. Thickett, p. 323); fin XVIe s. renvier sur (ID., Recherches, VI, 3 ds HUG.). Dér., au moyen du préf. r- (re-), de l'a. fr. envier « inviter; engager, inciter; provoquer, défier » (v. envi).
DÉR. Renvi, subst. masc., vx. Mise ajoutée à l'enjeu convenu. Faire un renvi de dix louis (Ac. 1798-1878). Jouant au brelan, elle lui fit un renvi qu'elle ne tint pas (LA VARENDE, Saint-Simon, 1955, p. 324). — []. Att. ds Ac. 1694-1878. — 1res attest. a) ca 1470 « action de renchérir, de rivaliser » (G. CHASTELLAIN, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, t. 3, p. 7: par renvy l'un sur l'autre), 1473 [ms.] « redoublement (de coups) » (A. GREBAN, Passion, éd. G. Paris et G. Raynaud, 24228: donner des renvis d'ung baton [ds l'éd. O. Jodogne, 24187, d'apr. ms. de 1458: du remis]), b) fin XVIe s. terme de jeu « nouvelle mise ajoutée à l'enjeu convenu » (D'AUBIGNÉ, Sonnets épigrammatiques, XIII ds Œuvres, éd. E. Réaume et F. de Caussade, t. 4, p. 335: Ton baiser est le vade [...] Le renvy est ton sein); déverbal de renvier. Cf. l'a. fr. renvie « somme mise par dessus l'enjeu » (1re moit. XIIIe s., Dou conte Symon, 44, éd. E. Walberg, p. 46).
renvier [ʀɑ̃vje] v. intr.ÉTYM. V. 1160; de re-, et anc. v. envier. → Envi.❖♦ Vieux.1 Au jeu, Miser au-dessus de l'enjeu. — REM. On dit aujourd'hui monter, ou relancer, faire une relance.0 Mais lui, renviant sur ma colère (…)Cyrano de Bergerac, les États et Empires de la Lune, in Dubois et Lagane, Dict. de la langue franç. classique.
Encyclopédie Universelle. 2012.